Ce livre est né du désir d’évoquer l’atmosphère caractéristique d’Asmara, la capitale de l’Erythrée. Réalisées entre 2006 et 2008 avec un appareil Polaroid SRL 690, les photos de Marco Barbon insistent sur l’idée d’une suspension du temps et de l’histoire, entre un passé colonial, qui a laissé des traces profondes sur la physionomie de la ville, et un présent qui semble immobilisé dans une attente sans fin.
Le rêve est une interruption, une brèche ouverte dans le tissu du temps. Dans un rêve tout semble avoir un autre rythme, un autre déroulement ; tant les choses que les personnes apparaissent plus aériennes, plus subtiles, plus abstraites, comme si elles étaient suspendues dans un limbe en dehors du temps. La même impression nous saisit en feuilletant ce livre : le comptoir d’un café, la façade d’un immeuble, un homme lisant son journal, l’enseigne d’un magasin… devant tout cela on se demande à quelle époque sommes-nous, dans le présent ou dans quelque endroit enfoui dans notre mémoire.

Cependant le temps passe. Les extraordinaires architectures rationalistes, vestiges d’un âge d’or, vieillissent irrémédiablement ; les traces du passé fânent sous le soleil impitoyable du haut-plateau ; même le rêve  de l’indépendance semble perdre progressivement sa consistance… Que restera-t-il, alors, du rêve d’Asmara?

Ce livre est presque épuisé ce qui justifie un prix plus élevé.

Marco Barbon

Photographe

Marco Barbon est né en Italie et vit en France, entre Paris et Marseille.

Après un doctorat en Esthétique de la photographie à l’E.H.E.S.S à Paris, il entame une recherche artistique personnelle, dont émergent ses deux problématiques de prédilection : d’une part la temporalité, de l’autre cette zone frontalière entre la réalité et la fiction que le medium photographique, à la fois outil documentaire et dispositif fictionnel, est particulièrement apte à restituer.

Auteur des livres Asmara Dream (Filigranes, 2009 ; réédité en 2016), Cronotopie (Trans Photographic Press, 2010), Casablanca (Filigranes, 2011), Les pas perdus (Poursuite, 2014), Asmara (Be-Pôles, 2014) et El Bahr (Filigranes, 2016), ses photographies ont fait l’objet de plusieurs publications dans la presse internationale et sont régulièrement exposées en France et à l’étranger.

Ubah Cristina Ali Farah est née à Vérone en 1973 de père somalien et mère italienne. Elle a vécu à Mogadiscio (Somalie) de 1976 à 1991. Elle collabore régulièrement avec la presse italienne et ses nouvelles et poèmes ont été publiés dans différents recueils. Au printemps 2007 est sorti son premier roman, Madre piccola, qui a remporté le Prix Vittorini 2008.