VISITE DE MARYHILL
Nous quittons Elin sur Great Western Road.
Au sol, devant une vitrine abandonnée, de petits carrés de verre forment un tapis rectangulaire ou encore des cercles qui couvrent une partie du trottoir. Il s’agit d’un système d’éclairage pour les réserves en sous-sol, m’explique Mark. Je l’ai rencontré le matin même, et il m’a généreusement proposé une balade dans ce qui s’avère être le quartier de son enfance. Pour commencer, il me dévoile, dissimulée derrière des arbres, sur un parterre coincé entre des rampes d’accès autoroutier et une sortie de métro, une sculpture de saint Georges terrassant le dragon. Il me dit qu’elle était perchée en haut d’un grand bâtiment aujourd’hui détruit, et qu’un artiste dont j’ai oublié le nom a largement contribué à la sauvegarde de ces pierres.
Ayant la ville tardocapitaliste pour motif central, l’exposition en explore zones de friction et lignes de fracture.
L’espace urbain apparaît comme une entité en perpétuelle mutation, champ de forces, machine sémiotique où se laisse lire l’épaisseur de l’histoire.
Camille Fallet mène depuis quinze ans un travail qui aborde les questions de l’expérience du lieu et de sa transcription au travers du document lyrique. Sa recherche est aussi celle d’images antérieures, liées à un imaginaire personnel. Dans cette mémoire visuelle associative, la notion de découpage, au double sens d’extraction et de séquence, tient une place essentielle.
Camille Fallet
Photographe
Camille Fallet né en 1977, Les Lilas, vit et travaille à Marseille, France. Depuis quinze ans, il s’inscrit sur la scène artistique ; une exposition lui a notamment été consacrée au centre d’art Le Point du Jour en 2018. Il a récemment publié un livre sur Bordeaux-Métropole pour la biennale d’architecture Agora 2017 et réalisé une œuvre vidéo pour Glasgow International 2018. Son investigation photographique l’amène à être invité à des conférences comme à la Fondation HCB en 2018 ou à expérimenter le commissariat d’exposition, comme en 2017, avec Notes sur l’Asphalte – une Amérique mobile et précaire – 1950-1990 au Pavillon Populaire de Montpellier.