Huit photographes, huit carnets, huit regards
Jacques Angelini, D’une île à l’autre – Florence Blondeau, La passion – Aisling Greally, Butterflies in the night – Martine Henry, Utopia – Isabelle Levistre, Lockdown – Dorrie McVeigh, The things we cannot see – Ewa Pszczulny, La compagnie bleue électrique – Joel Saras, Voir l’invisible
[…] Ce fut, une nouvelle fois, un privilège d’avoir la chance de percer le monde intime d’autres personnes : l’approche naïve de la photographie par Joel Saras de son énorme collection d’objets hétéroclites ; les images remplies d’ironie, teintées de la mélancolie d’un monde utopique devenu absurde par Martine Henry ; l’intimité sacrée entre l’homme, l’animal et la terre vue par Florence Blondeau ; la recherche, par Jacques Angelini d’un passé familial ne pouvant se décrypter que par les lettres d’un grand-père inconnu ayant émigré au Panama ; les superbes, bien que troublantes images d’un souvenir inconscient de noyade enfant de Dorrie McVeigh ; les observations microscopiques du surréel et du sublime dans les organismes vivants ordinaires par Ewa Pszczulny ; la collection d’images de prisons silencieuses, saisies par Isabelle Levistre au sein d’un parc d’un quartier riche durant le confinement obligatoire ; la naissance ou renaissance d’une autre sorte de prison à l’intérieur de son corps par Aisling Greally, alors qu’elle attend la venue de son deuxième enfant, remplie de peur et de joie pour voir apparaître au monde sa fille Ella, forte, en bonne santé, prête à prendre la planète à bras-le-corps en rugissant comme un tigre. C’est là un cadeau suprême pour un maître, que de suivre chaque esprit prendre son envol à la force de ses propres ailes.
Diana Lui
Graphiste Manon Muller