Les longs temps de pose des prises de vues nocturnes ont le but de rendre visible. Ils montrent des endroits sans nom, des lieux de passage vides. La lumière est faible et laiteuse et donne un minimum de clarté. Ce sont des natures mortes, figées et cernées de noir. Comme dans le clair obscur, où les choses existent seulement quand l’éclairage les dégage de l’obscurité, de la limite du perceptible. Dans ce monde imaginaire nocturne, la nuit fonctionne comme libération de la lumière aveuglante. Ce qui fait le lien avec les idées du romantisme noir, ce monde fabuleux et lugubre. Le noir est tellement concentré et chargé qu’il attire finalement comme une lumière. L’univers nocturne touche le refoulement, c’est là d’où vient son côté répulsif et fascinant en même temps.
À partir d’une construction mentale, un univers visuel se crée. Toujours plus proche d’un sentiment que d’un endroit concret, l’artifice joue un rôle important. C’est un espace psychologique qui est transmis à travers la photographie, un aller-retour entre le dehors et dedans. Dans le souhait de représenter cela sans montrer trop de singularités individuelles, une certaine tension est créée entre imaginaire et monde réel. Le but est de donner via une perception extérieure un regard intérieur.