Les images de la photographe Christine Lefebvre semblent plus arrimées au corps qu’au langage. Elles s’apparentent à des champs magnétiques qui convergent des forces, affectent leurs sens et leurs directions. L’artiste les déploie entre les pages d’un livre qu’elle a construit comme un poème, ses espaces blancs les exposant à l’ouverture du sens. Les photographies sont des visions arrachées à l’écoulement du temps. Lors de ses promenades, loin de la ville et des hommes, ce que la photographe sent monter comme une sève au contact d’un arbre, d’une falaise ou d’un glacier se fixe à main levée, en quelques secondes et par fragments impulsifs.
Le choix de l’oiseau comme protagoniste de ses chroniques provient du souvenir de lecture d’un célèbre conte mystique persan écrit au XIe siècle. La Conférence des oiseaux raconte l’épopée d’un groupe d’oiseaux perdus, en quête de vérité. Les photographies présentent des paysages immémoriaux rythmés par les battements d’ailes des oiseaux, contrastant avec les solides reliefs de paysages pétrifiés.
Elle est ce “rêve de pierre” qu’évoqua Baudelaire, témoin d’une révolution où la terre, source première de toute création, perdait son aura et se figeait en objet. L’œuvre de Lefebvre est une élégie, mais compose aussi une ode à une nature restauratrice des liens avec les cycles, avec le rythme des saisons.
[extraits] Marguerite Pilven
Christine Lefebvre
Photographe
De nationalité belge, elle vit et travaille à Bruxelles.
Pratique la photographie depuis 2005, elle utilise exclusivement l’argentique et réalise elle-même ses tirages.
Expose régulièrement : Festival “Présence(s) Photographie” Montélimar, 2014 ; Festival “Promenades photographiques” Vendôme, 2014 ; Festival “Les nuits photographiques” de Pierrevert, 2012 ; Galerie 127, Marrakech, 2012 ; Galerie OZ’ART, Tours, 2011 ; Festival de l’image “Les photographiques” Le Mans, 2011.
Marguerite Pilven
Auteur
Marguerite Pilven Diplômée d’une Licence de philosophie (spécialisation Esthétique à la Sorbonne) et d’une Maîtrise en histoire de l’art portant sur Pierre Klossowski (les Mystères de Roberte ou l’image ambigüe), Marguerite Pilven est critique d’art et commissaire d’exposition, membre de l’AICA depuis 2017. Elle s’intéresse essentiellement aux relations entre l’image et l’écriture.