Textes Eric Corne et Raphaël Monticelli
Premier livre d’artiste d’Anne-Valérie Gasc édité à l’occasion d’une résidence qu’elle a réalisée en 2004 à Budapest, Drill est conçu comme une publication manifeste : il s’ouvre sur le « Je suis un artificier » de Michel Foucault en guise de déclaration de guerre et annonce un protocole de travail par stratégies : des cartes postales de monuments historiques enflammées au pochoir (stratégie n°1 : « l’assaut direct »), des images du plan fixe vidéo d’un Pater Noster (stratégie n°2 : « l’état de siège »), les portraits photographiques des employées du service culturel de la mairie de Budapest habillées d’un uniforme équivoque (stratégie n°3 : « l’enrôlement »), le relevé cadastral et photographique de l’enclave du quartier juif de Pest telle qu’elle se lit silencieusement dans les ruptures de traitement des façades des immeubles (stratégie n°4 : « la sape »).
Littéralement, le terme drill (de l’anglais to drill : « rabâcher »), désigne un entraînement militaire sévère composé d’une série d’exercices qui permet, par leur répétition acharnée, de rendre les soldats aptes à exécuter sans hésitation, les manœuvres correspondantes.
Ouvrage numéroté et signé tiré à 300 exemplaires.
Anne-Valérie Gasc
Artiste
Anne-Valérie Gasc est artiste. Née en 1975, elle vit et travaille à Marseille. De manière générale, son travail tisse un lien contradictoire entre les conditions d’apparition d’une oeuvre d’art et celles de la disparition de l’architecture.
Son projet Crash Box par exemple (2010-2013), relève d’une expérimentation vidéo qui consiste à filmer des bâtiments démolis par foudroyage intégral depuis un point de vue intérieur, au plus proche des charges explosives. Les images ainsi capturées manifestent, dans le presque rien à voir de l’effondrement, l’échec du projet social porté par cette architecture de la reconstruction.
Actuellement, son nouveau projet Les larmes du Prince est basé sur une approche critique des stratégies de dissolution de l’architecture contemporaine. Depuis l’utopie d’une architecture de verre portée par la Gläserne Kette de Bruno Taut, en passant par l’esthétique ductile et transparente de l’architecture paramétrique, jusqu’à l’évanescence des «édifices-nuages», Anne-Valérie Gasc explore les fondements et questionne les limites de cette architecture de l’effacement ; Elle invente les formes de son anéantissement.