“On se croit en Amérique du Sud, mais ce n’est pas l’Amérique du Sud, pas non plus La Havane. Rues de pierres blanchies taillées à la façon du xve siècle, mais ce n’est pas le xve siècle, seulement 2014 et La Rochelle.
J’ai eu une nuit très agitée, ou plutôt habitée, mais de façon insolite, lourde, épaissie par les couches de ce qui poursuit chacun et ne s’établit, paradoxalement, que lorsque chacun dort – ou croit dormir. D’ailleurs, au cours de cette même nuit, au centre géographique (si l’étendue était unité de temps) de cette même nuit, est arrivée une aventure : j’entendais du bruit ; quelques coups frappés à la porte, croyais-je, ou bien à celle d’une chambre mitoyenne, puis, éveillé, me tournant sur mon drap, cherchant du frais, m’étant relevé dans la pénombre, le presque noir, j’ouvrais la porte de la salle d’eau. À droite, deux planches comme une penderie démise ; à gauche, le bassin de la baignoire, mais ni ces planches ni cette baignoire n’étaient les éléments où je savais m’être nettoyé la veille, soit quelques heures plus tôt. […]”
Extrait du texte de Gérard Manset
Après la sortie remarquée, en 1971, d’un album concept oratorio intitulé La Mort d’Orion, il crée le Studio de Milan où sera réalisée musicalement une dizaine d’albums. Il est, également, tour à tour ingénieur du son, arrangeur, producteur, auteur et compositeur pour d’autres artistes. Durant les premières années du studio de Milan, il publie l’album Y’a une route qui comprend le titre Il voyage en solitaire. Tant les critiques enthousiastes que les télévisions et le public qui le réclament n’auront raison de son refus de faire de la scène, de se soumettre au habitudes médiatiques. Seul le travail de studio a un intérêt à ses yeux «Je trouve impudique de chanter face à un public». Ce succès est dérangeant pour Manset qui décide d’entreprendre ce qu’il s’était, jusqu’ici, refusé de faire : voyager. Asie, Afrique, Brésil et Amérique Centrale, souvent en considérant comme nécessaire d’approcher les langues des destinations en question, particulièrement le thaï et l’indonésien à l’Inalco* à Paris. Ces nombreux voyages l’inspirent pour ses albums, ses livres, mais aussi son travail photographique.
En 1996, Francis Cabrel et Alain Bashung initient un album hommage : Route Manset qui regroupe des titres interprétés par Françoise Hardy, Jean-Louis Murat, Salif Keita, Cheb Mami, entre autres.
Entre ses propres albums (19), Manset écrit pour Juliette Gréco (Je jouais sous un banc), Raphaël (La mémoire des jours et Etre Rimbaud), William Sheller, Florent Pagny… En 2008, il est au générique de l’album Bleu pétrole d’Alain Bashung avec 3 titres (Comme un lego, Venus, Je tuerais la pianiste) et de celui de Julien Clerc Où s’en vont les avions (Frère, elle n’en avait pas, Une petite fée). En 2010, il participe au cinquième album de Raphaël, Pacific 231 et en 2011, sortent trois nouveaux titres signés Manset, interprétés et composés par Julien Clerc dans son album Fou, peut-être.