Pollen de poésie
« On connaît Fabrice Guénier : le matériau sensuel et poétique, l’image. On sait qu’il professait l’art de la mise en page et du décalque, de la superposition et du flou artistique. Il aime les à peu près, le risque. Il faut l’avoir longuement suivi et observé : suicidaire, aléatoire, obscur. Obscur, certes, mais de clarté très évidente. C’est dans l’instant qu’il veut le produit fini. Il teste et s’en approche, instrumentalise, tord, noue, froisse le papier et soudoie l’imprimante.
Avant, c’était la cartoline, s’essayer au labo. Les bains et la lampe rouge devaient lui faire avoir des frissons inconnus sous la problématique de l’isolement et du silence. C’est un taiseux, lançant ses troupes au petit bonheur. Et ça passe ou ça casse.
Le Luxembourg comptait des écrivains, l’été des avancées de jeunesse enluminées par de subtils émois que nouaient des aventures iconoclastes, mais certainement plus nobles que le vague sentiment égalitaire sommé de se produire aujourd’hui.
Scellé dans cet ouvrage sorti longtemps avant à compte d’auteur et envoyé seulement à quelques-uns, voilà le pollen d’une poésie plastique. Le lire en inversant le bas, le haut, le devant et l’arrière, pointillé et mélange.
Feuilletons ces images pieuses, ce missel d’une religion que le siècle a désiré bonasse et obtenue raclée de partout, une citadelle qui fut Athènes et que l’on a transformée. Rien que du complimenté, du faux. Fabrice Guénier, à rebours, propose l’inverse, nous en exhume quelques aspérités devenues ni contestables ni atypiques, simplement obsolètes. »
G. Manset
L’idée d’un effacement inéluctable
Texte de Gilou Le Gruiec lire ici >
Fabrice Guénier
Auteur, Photographe
Des instants, des souvenirs, des histoires… les fragments en textes et en images d’une rupture banale et ordinaire. Initialement autoédité en 1998 et sous-titré : « Journal photographique d’un hiver ordinaire », Je crois qu’un jour est la réédition, revue et augmentée, du premier livre de Fabrice Guénier, qui a depuis publié deux romans aux Éditions Gallimard : Les saintes, en 2013, et Ann (prix Michel Dard 2016).
« C’est suite à l’envoi de ce livre, en 98, que j’ai fait la connaissance de Gérard Manset, depuis lors devenu un ami.
Je l’avais envoyé à un certain nombre de mes grandes admirations de l’époque (Godard, Murat, Houellebecq, Yves Adrien, S. Moon, Modiano, R. Franck)… Manset, “l’artiste invisible et mystérieux”, est le seul à avoir répondu. Comme quoi… »