SMITH invente son propre mode d’exister et son propre univers, crée une écriture photographique singulière, tandis qu’elle joue de ses avatars sur la toile, construit un véritable réseau protéiforme et amical où se retrouvent les corps qui hésitent entre le masculin et le féminin, les identités suspendues, en devenir. La question originaire est celle du passage, du transit, de la transition. De l’entre-deux, cet espace inassignable et indéterminé qui ouvre à tous les possibles. C’est dans le froid, les brumes glacées, l’obscurité et les vapeurs d’eau, les pluies et les neiges que l’artiste se sent à sa place et que son propre corps – biologique, culturel, artistique – prend position. La colorimétrie – bleu froid, bleu grisé, blanc évanescent, au bord de l’ultime disparition – est bien celle des contrées du nord. Les corps sont comme en réserve, en repli, en retrait, souvent allongés, carnations d’albâtre et regards évanouis.

Dans la série Löyly, on voit un sombre rocher dessinant son arête sur un ciel qui ne se distingue pas de la pierre, et qui évoque incontestablement la peinture romantique, une double nuée menaçante comme une tornade, des paysages de gel et de froidure. Mais aussi beaucoup de jeunes gens photographiés de dos, le corps souvent tatoué, des postures de rêverie ou de repli. D’être-ailleurs. Un jeune homme très pâle, yeux glacier et cheveux noir corbeau, comme une apparition récurrente dans les séries, et un sublime visage d’androgyne, regard rêveur et mélancolique, perdu dans sa propre intériorité inviolée, regard mi-clos, bouche sensuelle entr’ouverte pour une parole ou un baiser qui n’adviendront pas. Fatigué, délicieusement morbide, il repose avec délicatesse sa tête de jeune éphèbe sur un coussin de velours, bras replié sous lui, offert et déjà retiré, disparu, telle une fugace et désirable apparition.
(Extraits du texte de Dominique Baqué)

Co-production
Pavillon Vendôme, Clichy - The Finnish Museum of Photography, Helsinki - Galerie Les filles du calvaire - Olympus France
Parution
14/11/2013
Collection
Hors Collection
Format
215 x 290
Anglais/Français
Relié couverture cartonnée
125 photographies en couleur et noir et blanc
192 pages
ISBN : 978-2-35046-296-7
Paru dans la presse
Il a été tiré de cet ouvrage une édition de tête de trente exemplaires, accompagnés d’un tirage original numéroté et signé, au format de 18 x 24 cm.
  • Löyly
    Photo #1
  • Löyly
    Photo #2
  • Löyly
    Photo #3
  • Löyly
    Photo #4
  • Löyly
    Photo #5
Commander

Smith

Artiste, Cinéaste, Photographe

Artiste-chercheur, diplômé de la Sorbonne en Philosophie, de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles, du Fresnoy – Studio National des Arts Contemporains, et docteur en Étude et Pratique des Arts (Université du Québec à Montréal), SMITH expérimente et explore les liens entre l’humanité contemporaine et ses figures -limites – spectres, mutants, hybrides, auprès de collaborateur·ices écrivain·es, astronautes, agriculteur·ices, chamanes, ingénieur·es, designers, scientifiques, philosophes, performer·euses ou compositeur·ices. Ses projets-mondes indisciplinaires se fondent sur un processus d’auto-expérimentation qui prend la forme d’une enquête, où le corps de l’artiste devient une plateforme critique, expérimentale, curieuse, pour révéler de nouvelles manières de se lier au monde visible et invisible.

 

SMITH poursuit à présent sa quête artistique à travers sa pratique de technologies spirituelles (la transe cognitive, la méditation, la médecine amazonienne) couplée à celle d’états corporels interstitiels (transition de genre, expérience de l’impesanteur, implantation cutanée de matériaux extra-terrestres ou de puces électroniques), pour conter autrement notre rapport au tout-autre, à l’au-delà, à ce qui nous traverse, nous échappe, nous dépasse et nous survit. Transe et transcendance se relient dans ce travail expérimental qui explore d’autres états de conscience. La « transition », le « passage », le « voyage » constituent des éléments essentiels pour SMITH, qui a changé de genre et de nom, refusant toutefois qu’on lise son travail à cette seule aune. Son patronyme d’origine, devenu mononyme, sonne comme une indétermination : il aime à s’infiltrer dans les espaces entre les « entre-deux », entre les genres, entre la science, l’art et la spiritualité, entre le réel et l’imaginaire, chtonien et extraterrestre à la fois.

 

Ses travaux (expositions, films, performances, conférences) sont régulièrement présentés dans le cadre d’expositions personnelles dans deux nombreux pays d’Europe, en Californie, en Chine, en Corée et en Amérique Latine (Chili, Uruguay, Mexique…). Plusieurs expositions sont en préparation pour l’automne 2024 et la rentrée 2025 en France (Galerie Christophe Gaillard à Paris en Novembre) ; et en Europe (Norvège – Bodo en Novembre, Oslo en Janvier 2025 ; Biennale photographique de Porto en mai 2025).