Durant mon retour d’Amiens, après avoir visité le musée de Picardie où Stéphanie Mansy avait réalisé des wall drawings pendant la période de rénovation, me revenait la phrase d’ouverture du film d’Alain Resnais « Tu n’as rien vu à Hiroshima ». Par jeu de langage sans doute et pour m’en amuser, car en effet je n’avais rien vu au musée, en tout cas rien des interventions in situ passées de l’artiste, puisqu’aux endroits qu’elle m’indiquait dans le lieu, les surfaces murales étaient lisses, peintes uniformément. Plus rien ne laissait supposer que dessous, tel que je l’avais vu sur les photos, il y avait eu des dessins, des formes jaillissantes, des flots de lignes, des fissures colorées et dessus, des papiers collés, des calques suspendus, des installations dans l’espace. Les murs étaient maintenant vides de tout ça, ne laissaient plus rien paraître et c’était un peu désolant. Cependant, je faisais mienne la réponse en forme d’affirmation d’Emmanuelle Riva à la déclaration première du film : « J’ai tout vu. Tout. » Car même si je n’avais rien vu de ce qui avait été à voir à un moment, de ce vide, de cette absence, j’en ramenais quelque chose. Une image, des images, avec l’impression de pouvoir voir à travers les murs. Il n’y avait plus rien à voir, il y avait tout à voir.