« L’homme moderne ne vit plus qu’en surface de lui-même une existence dénuée de sens profond. Il est dans l’anxiété, perdant ses repères et ses valeurs. Il vit dans la peur, peur que l’autre découvre ses faiblesses et ses insuffisances. Il gomme ce que la société lui reprocherait : sa sensibilité et ses émotions. Il se carapace et s’endurcit au contact des autres afin, croit-il, de paraître plus fort. Son cœur se fossilise lentement, puis son corps se fond dans une gangue de pierre.
Dans cette série Statue j’ai choisi l’autoportrait pour me situer au plus près de mes émotions, pour décrire un être solitaire qui se scinde en deux parts, l’une que la société a rendue froide et insensible, l’autre qui se bat et qui résiste encore pour conserver son humanité, sa chaleur. Une dualité, mi statue, mi humain. »
Emmanuelle Bousquet
Photographe
Née à Nîmes en 1979.
A commencé la photographie à l’âge de dix ans. Enfant, influencée par son environnement au sein d’une famille de créateurs de mode, Emmanuelle Bousquet se place naturellement face à l’objectif et prend la pose à la manière des mannequins qu’elle a vu si souvent se faire photographier.
Adolescente, elle photographie ses proches et envisage de plus en plus la photographie comme un mode d’expression à part entière.
En 2004 elle rencontre le photographe Antoine d’Agata. Ce dernier l’incite à explorer toutes les facettes de l’autoportrait. Cette exhortation aura un caractère déterminant dans sa carrière. Elle utilisera son corps comme un peintre utilise sa propre peinture. Fascinée par cette idée de se confronter aux affres de l’introspection, elle se découvre exploratrice de la féminité. En 2015 elle publie Sous une pierre amante (Filigranes).
Annabelle Gugnon
Auteur
Psychanalyste et Critique d’art